Hungary, 1995. Laszlo Moholy-Nagy (1895-1946), K XVIII, 1923. Sc. 3509. Mi. 4355

Germany, 1983. L. Moholy-Nagy, Licht-Raum-Modulator, 1930. Scott 1387

K XVIII, 1923
de Làszlò Moholy - Nagy

Une page de Dr. Claude Wainstain, France

K XVIII, 1923

     Quand, en 1923, la direction du Bauhaus décida d'engager un nouveau professeur, elle fit appel à Moholy-Nagy, un jeune Hongrois récemment arrivé de Budapest, qui jouissait déjà d'un certain renom pour ses compositions abstraites et ses écrits théoriques. Les conséquences de ce choix furent décisives. Moholy-Nagy modifia complètement l'esprit de la célèbre école de Weimar, en y introduisant la rigueur industrielle et l'abstraction géométrique qu'il tenait des constructivistes russes.
     Il avait découvert la peinture à Odessa, en 1917, où il se remettait d'une grave blessure de guerre, et de sage étudiant en droit issu d'une bonne famille juive, il s'était soudain mué en artiste d'avant-garde, avec pour toile de fond l'exaltation des journées révolutionnaires. Autodidacte aux multiples talents, sorte de Mahler prolétarien à la tenue d'ouvrier et aux lunettes cerclées de fer, Moholy-Nagy savait tout faire: constructions, collages, typographie, conception artistique, "tout", ironisaient ses élèves, "sauf parler allemand sans accent".
      Il bricolait d'étranges échafaudages de verre, de bois et de métal, traversés par des faisceaux lumineux mobiles, et les intitulait "Modulateurs d'espace", comme celui qui figure sur un timbre allemand émis le 8 février 1983. Il se passionnait aussi pour la photographie expérimentale, inventait de nouveaux caractères d'imprimerie, et déclamait, devant ses élèves médusés : "La lumière, la lumière totale engendrera l'homme total ! ". 
      En 1934, Moholy-Nagy dut quitter l'Allemagne et, après deux ans d'errance, il s'établit définitivement à Chicago, où il dirigea le "New Bauhaus" puis l'"Institute of Design". Lui que les nazis traitaient de "Judéo-bolchévik", passait aux yeux des communistes pour un "dogmatique" "soumis à l'économie capitaliste" . Il a donc fallu le dégel culturel de ces dernières années pour qu'une des compositions, la "K-XVIII", apparaisse sur ce timbre hongrois du 18 septembre 1995.
      Peu de gens savent à quel point cet artiste a influencé notre vie quotidienne, et que nous lui devons, avec nos lampes de bureau flexibles et le design de nos cafetières chromées, l'élégante typographie qui donne son côté chic à ce magazine. "Moholy-Nagy", c'était aussi une boutique, galerie Vivienne, à Paris, où, tout récemmentencore, le petit-fils du maître du Bauhaus vendait de la belle chemise. "Enfin", auraient dit ses ancêtres, "enfin un vrai métier pour un Juif ! ". Claude Wainstain.

Chronique publiée dans L’Arche, avril 1996

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Revised: 02/11/01. Copyright © 2000 by Victor Manta, Switzerland and 1996-2000 by Dr. Claude Wainstein, France. All rights reserved in all countries.


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